Georges Sallet, plus connu comme Homme de Lettres sous le nom de Gilles Sendier était un véritable "précieux ridicule", tant par sa façon de parler, que par ses attitudes efféminées ! Il arrivait à Gautier en Vespa, bien ganté. Un matin il fit une entrée en classe peu banale, le visage crispé de douleur quand il essaya de se débarrasser de sa veste, il dut avoir recours à l'aide du lécheur de service. Cet engin vrombissant comme une guêpe, et physiquement instable par son moteur installé asymétriquement, l'avait abandonné dans un tournant ! Ses cours de langue française étaient remarquables, nous commentant des textes en circulant dans les rangs avec des gestes mesurés comme un gandin. Presque avec des ronds de jambe. A mon jeune âge je ne connaissais pas le mot exact pour le décrire... A ma grande stupéfaction, il eut l'audace d'inscrire sur mon bulletin trimestriel que j'étais un élève apathique! Moi qui aimait tant ses lectures choisies ! Plus âgé, je l'aurai provoqué en duel. Sallet, qui était actif au C.R.A.D, fut metteur en scène, acteur, critique, toujours sur les barricades littéraires, mais assurément n'était pas psychologue. En métropole il continua de professer: il figure avec sa classe en 1970, au Lycée Buffon de Paris, dans le site "Les Copains d'abord". Il est décédé depuis très longtemps.

Une vraie rue Michelet, cette liste d'agrégés dénichée par Georges ! On n'en finit pas de croiser des têtes connues... Déjà Bizos, Chiapporée, Sallet, Ageron (Gautier), Donedu, Ada, Peillat, Saint-Jean (Bugeaud), Mmes Jacquemin-Paulian, de Pachtère (Delacroix). Regardez à 1941. Vous y verrez, de concert, deux stars de Gautier et de la fac de Lettres : les profs d'anglais René Helsmoortel et Jean Voilley. Nous avons évoqué l'un et l'autre sur Esmma ; le premier pour sa pédagogie inventive et facétieuse ; le second pour sa personnalité de « lion superbe et généreux », sa complicité avec les étudiants et... sa fréquentation assidue de la piscine du RUA. Il faut ajouter à son sujet que, en 1941, le nouvel agrégé, né en 1917 (nous confirme son fils Frédéric), n'a que 24 ans ! Et que la guerre l'entraînera avant qu'il ait eu le temps de connaître ses premiers élèves. Officier de liaison auprès des forces américano-britanniques — tout comme Helsmortel lui-même — il gardera de cette aventure en Tunisie, en Corse et en Italie les chemisettes et shorts kaki ou sable que lui ont connus ses étudiants. Voilley nous a quittés au tournant du siècle, peu de temps après Helsmoortel. Inséparables, ces deux-là !

Grâce à la liste des agrégés fournie par Georges Lévy, j'ai pu voir que l'excellent prof de lettres que j'avais eu en 6em A2 en 47/48 à Gautier: monsieur SALLET avait eu son agreg en1948. Qui se souvient de ce tout jeune homme toujours sappé comme un milord ?

"Bitos" en argot "ce qui sert à couvrir la tête" ! (Par convenance je n'extrapolerai pas cette signification qu'aurait sans doute émise un lycéen dévergondé). Donc chaque jour, un mot nouveau pour moi que notre excellent Marcel Chiapporée (agr. de grammaire en 193 avait oublié de nous apprendre. Bizos fort ressemblant d'ailleurs a du bien rire du haut de son nuage d'avoir été encadré et cravaté par JB l'agrégé de Dessin de l'Académie d'Es'mma. Dans la liste j'ai relevé quelques célèbres figures que j'ai connues: Charles-Robert Ageron (agr. d'Histoire en 1947), Sallet Georges (le plus jeune agr. de Lettres de l'époque en 194, Domercq André (agr. de Grammaire en 1947), et au Lycée Bugeaud, Adad Henri (agr de Maths en1924), en tant qu'ami de ma famille.